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Optimiste - Côte d’Azur

jeudi 13 juillet 2017

Le bonheur est dans le potager

Agnès a rencontré Renaud en 2007. Un coup de foudre réciproque qui l’a conduite, un an plus tard, à quitter l’Afrique du Sud pour s’installer avec lui, à Puget-Théniers. Ensemble, ils ont créé une ferme bio.

PAR FRANÇOIS STAGNARO

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La ferme Lavancia, c’est avant tout de l’amour : celui qui lie Agnès à Renaud depuis dix ans maintenant, et qui a donné vie à Jules et Lucie, leurs deux enfants. Rien ne prédestinait pourtant cette jeune apprentie- épidémiologiste franco-américaine à sa vie d’aujourd’hui. Élevée entre le Maroc et les États-Unis, elle a terminé ses études à Sydney avant de s’engager dans un programme de recherche sur le sida à Soweto. En 2007, alors qu’elle rendait visite à son père, à la retraite à Saint-Martin-Vésubie, elle fait la connaissance de Renaud. Lui travaillait depuis vingt ans pour un groupe
de commerces de proximité et, dès qu’il le pouvait, s’échappait en montagne.

C’est sur ce terrain commun qu’ils se sont rencontrés, pour ne plus se quitter. Après
une brève tentative de vie commune en Afrique du Sud, ils posent finalement leurs valises à Puget-Théniers, sur les terres ensoleillées du grand-père de Renaud, dans un ancien séchoir à figues qui domine la vallée.

Il faut entièrement le retaper. Au début, Agnès partage son temps entre Johannesburg et Puget-Théniers, travaillant en partie à distance. Autour de leur nouvelle maison, ils créent un petit potager : « En Afrique du Sud, toutes les plantes de mon petit jardin se mangeaient. Je ne pouvais envisager de vivre ici sans faire de même. »

Autodidactes du bio

C’est la petite graine qui va, petit à petit, mûrir et leur donner l’idée d’en faire leur activité, malgré la méfiance de l’administration et les complications qu’ils ont rencontrées. « Nous n’y connaissions rien, mais c’était aussi notre chance, avoue Renaud. Nous nous sommes documentés sur internet et dans les livres. Les néo-ruraux partagent énormément avec leurs semblables. » « Ma formation de santé publique me conduit aussi à remettre en question les normes et les acquis pour résoudre les problèmes, ajoute Agnès. Nous l’appliquons en permanence. » Une certitude : ils veulent cultiver en mode biologique. Après un premier hiver passé à planifier les plantations et réaliser des semis, ils organisent un système de paniers de saison, pré-vendus aux consommateurs sur abonnement via des AMAP du littoral. S’ils parviennent ainsi à gagner leur vie au bout de trois ans, ils le doivent en partie à leur approche pragmatique, qui consiste à étudier les cultures les plus adaptées, faire des essais, tester le matériel agricole, changer d’avis et de méthode lorsqu’une expérience s’avère peu concluante, etc. Comme avec les magnifiques porcs qu’ils ont élevés pendant deux années, mais dont ils ne pouvaient maîtriser la découpe et l’emballage après l’abattoir. Les poules pondeuses, en revanche, ont pris de l’ampleur au sein de la ferme. Ils en ont aujourd’hui trois-cent-cinquante, après avoir fait appel, à deux reprises, au financement participatif. Les œufs constituent désormais un tiers de leur chiffre d’affaires, un revenu régulier qui compense en partie les aléas du climat sur les plantations.

Savoir se vendre

Malgré les embûches, la productivité augmente d’année en année et leur permet de passer progressivement des paniers sur abonnement à la vente à des commerces bio de la Côte d’Azur. Car c’est là, selon Renaud, l’énorme potentiel sur lequel peuvent compter les agriculteurs de l’arrière-pays : « On a un million de clients sur le littoral, avec un fort pouvoir d’achat. Il faut juste apprendre à se vendre. » En parallèle, ils se sont associés à d’autres agriculteurs du coin pour fonder un collectif qui commercialise toute la diversité des produits locaux. Cette envie de partager, ils la concrétisent aussi dans leur exploitation : « Nous prenons régulièrement des apprentis, dont la plupart s’installent ensuite à leur tour comme agriculteurs bio. » Avec fierté, Agnès et Renaud essaiment ainsi leurs très bonnes idées, pour une agriculture durable.